Utopie Du Domaine de Sultan

"Je suis née un jour ordinaire, mais ma vie, elle, ne l’a jamais été. Très vite, j’ai compris que j’avais trouvé ma place auprès d’elle. Elle était mon humain, ma moitié, mon tout. Où qu’elle aille, j’étais là, le museau dans sa main, la poussière dans mes poils, le cœur gonflé d’amour et de fierté.
J’aimais tout : les chevaux qui galopaient, les enfants qui riaient, les caresses des inconnus après les spectacles. Et surtout, j’aimais la sentir près de moi. Elle me parlait, et même si je ne comprenais pas tous les mots, je comprenais l’essentiel : nous étions ensemble.
Oh, et les expositions ! Comme j’adorais ces jours-là. Je savais, avant même qu’elle ne prépare le sac, que nous allions partir. J’étais la première debout, prête à briller, à me montrer, à lui faire plaisir. Parce que ce qui comptait le plus pour moi, c’était ça : la voir heureuse, la voir fière.
Puis un jour, je suis partie. Trop tôt, je le sais. Mais il n’y a jamais de bon moment pour dire au revoir. Je suis partie sans bruit, sans prévenir, mais pas sans amour. Parce que l’amour, lui, ne disparaît jamais.
Elle pense à moi, souvent. Je le sais. Mais je suis toujours là, dans le vent qui caresse son visage aux écuries, dans la petite pression sur sa main quand elle marche seule, dans les yeux de ma fille qui veille sur elle à son tour.
Je n’ai jamais été qu’un chien. J’étais Utopie. Et elle était ma maison."